Il s’est passé un truc pourri, même des trucs pourris, la semaine dernière.
Ca m’a fait de la peine.
Je ne connaissais aucune des victimes personnellement, je n’étais pas une fervente lectrice de Charlie Hebdo mais ça m’a fait beaucoup de peine. Je me suis sentie attaquée. Je ne savais pas que j’avais un côté patriote comme ça. Mais c’est surtout l’injustice des choses, je crois, qui me met dans tous mes états.
J’ai suivi les infos fiévreusement (c’est le cas de le dire), j’ai ressenti de la douleur, de l’incompréhension, de l’angoisse, de la colère, de la déception. J’ai été soulagée vendredi. Pas contente, non, pas du tout, mais soulagée.
Et j’ai vécu la marche de dimanche comme un enterrement, j’ai eu l’impression de faire mon deuil. Je ne sais pas si c’est bizarre de voir les choses comme ça…
Et puis j’ai apprécié le fait que mon pays soit uni, même s’il faut des événements vraiment macabres pour qu’on puisse enfin en arriver là et que ça, c’est bien dommage.
Je ressens tellement ce sentiment d’unité que je n’ai plus peur quand je suis seule dans les rues de Nanterre la nuit pour rentrer du travail ou quand je croise des hommes « louches ». Je ne me méfie plus, j’ai envie d’avoir une confiance totale en tout le monde. Et je ne sais pas ce qui est le plus bête ou le plus intelligent : avoir une confiance aveugle en tout le monde, comme maintenant, ou se méfier de tout le monde, comme d’habitude.
Et puis il y a autre chose que je ressens. Je me sens un peu perdue. On fait quoi, maintenant ? Je remets une photo de moi en profil sur Facebook ou je laisse Je suis Charlie ? Je peux avoir des conversations qui n’ont pas de rapport avec les événements de la semaine dernière ? C’est con mais je me les pose quand même, ces questions.
Est-ce que c’est politiquement correct de parler d’autre chose ?
Et est-ce que j’ai envie pour l’instant de parler d’autre chose ?
Je n’en sais rien.
En tout cas, j’ai pris des photos. J’ai pris des photos samedi, des photos de Paris parce que Paris était Charlie. Et j’ai pris des photos de la marche, parce qu’on était presque 4 millions en France à être Charlie ce jour-là et c’est beau.
Et donc, dimanche, tout le monde était Charlie.
Et voilà. Maintenant on est mercredi 14 janvier, la marche était dimanche. Je suis toujours triste, j’y pense encore mais j’ai fait mon deuil, disons.
La vie continue.